Violences sur personnes handicapées : un ancien veilleur de nuit condamné

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Un ancien veilleur de nuit d'un foyer de Vertaizon (Puy-de-Dôme) condamné après des violences sur des personnes handicapées.

L'ancien veilleur de nuit ne peut plus travailler dans le secteur médico-social pendant cinq ans.

Un ancien veilleur de nuit du foyer d'accueil médicalisé "Le Cèdre", à Vertaizon (Puy-de-Dôme), géré par l'Adapei (association départementale des parents et amis de personnes handicapées mentales), a été condamné à six mois de prison avec sursis simple, ce mardi, par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, pour des violences-notamment verbales-commises à l'encontre de personnes handicapées, en 2018 (1).

Cet ex-aide médico-psychologique de 52 ans - licencié pour faute grave, en 2018, après la révélation des faits - était poursuivi pour des "violences sur personnes vulnérables sans incapacité". Selon le témoignage de plusieurs de ses ex-collègues, ce salarié avait en effet une façon bien à lui de communiquer avec certains des résidents, lourdement handicapés, accueillis dans le foyer.

"Je voulais les traiter d'égal à égal, leur faire oublier leur handicap..."

Onze victimes, que l'ancien veilleur de nuit n'hésitait pas à insulter ou à rudoyer, avaient ainsi été identifiées après l'enquête confiée aux gendarmes de la brigade de proximité vertaizonnaise (2). Mais là où la justice a vu des agissements constitutifs de maltraitances, le prévenu évoque plutôt "des plaisanteries" ou un "humour un peu spécial".

"Je ne pensais pas à mal, explique-t-il à la barre. J'avais instauré ce type de relations avec certains des résidents. Je voulais simplement les traiter d'égal à égal, comme je l'aurais fait avec n'importe qui d'autre, pour ne pas leur faire ressentir leur handicap. Pour qu'ils se sentent normaux, quelque part. Aujourd'hui, je m'aperçois que mon comportement, même sur un ton humoristique, était sans doute inapproprié et je le regrette..."

"Une atteinte abominable à la dignité humaine"

Malgré ce mea-culpa, les avocates des parties civiles (les victimes et l'Adapei), Mes Léa Leprêtre et Anne-Marie Régnoux, ont dénoncé "des faits intolérables et une atteinte abominable à la dignité humaine, avec des personnes lourdement handicapées et incapables de se défendre ou de réagir", non sans rappeler que "la lutte contre les maltraitances est un combat de tous les instants au sein de l'Adapei".

Une lecture partagée par le procureur de la République, Amélie Louis, qui a pointé "des faits graves" et requis dix-huit mois de prison assortis d'un sursis probatoire d'une durée de deux ans.

"Une réalité amplifiée, travestie et déformée"

En défense, Me Jean-Louis Borie a fustigé "une réalité amplifiée, déformée et travestie", suggérant "une enquête orientée et préparée par l'Adapei, qui a abouti à faire de [son] client le bouc émissaire de toute cette histoire".

"Je ne dis pas que mon client a accompli sa tâche avec perfection, mais sa façon de faire constitue-t-elle pour autant un délit ? Parler de maltraitance me pose un réel problème ", a-t-il indiqué, tout en plaidant "pour une application juste et bienveillante de la loi pénale".

Christian Lefèvre

(1) Il lui est en outre interdit d'exercer une activité dans le milieu médico-social pendant cinq ans. Il devra par ailleurs verser un euro symbolique de dommages et intérêts à l'association. Enfin, une audience spécifique, dite "sur intérêts civils" et destinée à fixer le montant des dédommagements qui devront être versés aux victimes, aura lieu le 3 novembre prochain.

(2) Les faits avaient été portés à la connaissance du parquet de Clermont-Ferrand en mai 2018 par le directeur de l'époque du foyer.


Une relaxe. Un autre salarié du foyer, une femme de 39 ans, était poursuivi à cette même audience (à laquelle elle n'était pas présente, étant "bouleversée par cette histoire la mettant en cause", a indiqué son avocat, Me Renaud Portejoie) pour des faits similaires, qu'elle a toujours niés. Il lui était notamment reproché d'avoir giflé un premier résident et d'avoir jeté un verre d'eau au visage d'un second. Evoquant des "accusations purement gratuites et infondées", son conseil a plaidé -et obtenu- une relaxe.

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